Respecter la tradition arboricole de ce canton tout en ayant recours aux moyens de gestion les plus sophistiqués pour vivre avec son temps: la Distillerie Morand S.A. a franchi un cap important en investissant un montant de deux millions de francs pour «adapter l'outil de production à la situation du marché», selon l'expression formulée hier devant la presse par le directeur général Didier Fischer. Si les fruits qui entrent dans la composition des eaux-de-vie sont toujours triés à la main dans un souci de maintien de la qualité de la matière première, le processus de distillation a été entièrement modernisé et automatisé. La technologie futuriste a aussi fait son entrée en scène pour ce qui a trait au contrôle à distance des équipements. Enfin, préoccupations environnementales obligent, l'entreprise octodurienne a mis en place un système de récupération de chaleur qui a notamment permis de diviser par deux ses émanations de CO₂.

A distance

Chez Morand, fini le temps où des opérateurs étaient sept jours sur sept à pied d'?uvre pour surveiller le processus d'élaboration des eaux-de-vie. Place désormais aux technologies les plus récentes! Une caméra pilotée par un ordinateur offre la possibilité de vérifier les emplacements vitaux de la distillerie. Au moyen d'un smartphone, une personne seule peut contrôler à distance les différentes étapes du travail de l'outil de production fort de quinze alambics en cuivre et agir en conséquence en cas de... pépin. Comme l'a souligné hier Didier Fischer, «cette automatisation n'a entraîné aucun licenciement. Le personnel a trouvé d'autres tâches à effectuer à l'intérieur de l'usine.»
Cette volonté de rénovation des installations a contribué à une hausse des rendements. Chaque alambic peut fonctionner de manière autonome. L'économie de temps ainsi réalisée favorise une distillation plus lente et, partant, une amélioration de la qualité des produits.
Sur le plan environnemental, les avantages ne sont pas à négliger non plus. D'octobre à mars, durant les mois froids de l'année où la distillation tourne à plein régime, la récupération de l'énergie produite permet de chauffer la moitié des 10 000 mètres carrés des bâtiments. Les émanations de CO₂ ont été réduites de moitié également.
En termes de récupération des déchets, des solutions écologiques ont été mises en ?uvre par les responsables.
Un exemple: les noyaux des abricots ne sont pas jetés, mais vendus à la commune de Saint-Maurice pour alimenter sa centrale de chauffe. D'autres réflexions sont menées pour tirer l'utilisation la plus pertinente des purées de fruits après distillation.

Bientôt 125 ans

A l'aube de son 125e anniversaire, la maison Morand est un acteur essentiel dans le verger valaisan. Elle prend en charge par année 650 000 kg d'abricots de la variété luizet sur vingt hectares dont elle est propriétaire et 2 millions de kilos de poires williams, fournis par les producteurs.
La Williamine, le produit phare de l'entreprise, est connue dans plus de trente pays, de la Belgique à la Chine en passant par Macao. «Nous écoulons près de 300 000 mignonnettes dans les compagnies aériennes. La Williamine, c'est notre référence mondiale», lâche le directeur général.

Source : Le Nouvelliste